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Claire at Karl Lagerfeld, style.com
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source: lexpress.frBernard Mazières, "Les Genoux de Claire", L'Express, 13 janvier 1994
«Je suis déjà une vieille», sourit Claire. Elle a 26 ans. De New York à Madrid, de Paris à Berlin, sophistiquée ou décontractée, elle s'affiche à la Une des plus grands magazines de mode. Hautaine, inaccessible et belle, en Lanvin ou en Sherrer, elle défile à la cour Carrée du Louvre, saute dans un avion pour une séance de photos à l'autre bout du monde et côtoie le jet-set. Moins médiatisée qu'une Estelle Hallyday ou une Lucie de la Falaise, Claire Dhelens fait partie du tout petit cénacle des top models de l'Hexagone. Un univers où tout le monde il paraît beau, tout le monde il paraît friqué. Un univers de luxe, d'argent facile et de filles superbes. Etranger, semble-t-il, à la crise, au chômage et aux fins de mois difficiles. Bref, à des années-lumière de ce qui constitue le train-train quotidien du Français moyen.
Mannequin, top model, cover-girl: le rêve de toute gamine de 15 ans qui frôle le mètre soixante-quinze et frise l'anorexie. Fantasme des hommes, ces supernanas flanquent, indifféremment, le bourdon ou des complexes à l'autre moitié de l'humanité. Mais d'où viennent-elles, ces «filles qu'on voit dans ?Elle''» et que chante Jacques Dutronc? De quelle planète tombent-elles, ces extraterrestres qu'on croise dans les magazines et jamais dans le métro? «De la banlieue parisienne. Rungis, pour être précise», répond Claire. Entre un casting à Casablanca et le tournage d'une pub à Los Angeles - le mythe est respecté - juste le temps pour elle de raconter son histoire. Elle ressemble à un conte de fées. Sans sorcière.
Il était une fois une petite banlieusarde de 16 ans, en classe de 1re B, qui, à la veille de l'été, cherchait un job pour partir en vacances. Lors d'un concert de Bob Dylan, à Sceaux - «J'étais habillée n'importe comment et, en plus, je venais de recevoir une bouteille de jus de pomme sur la tête!» - son mètre soixante-dix-sept et sa silhouette androgyne sont repérés par une agence, qui lui propose de faire des photos. D'accord, c'est une vieille technique de drague; mais, là, c'était du sérieux. Coup de téléphone
aux parents, acceptation du bout des lèvres de maman, ancienne secrétaire médicale, et, quelques jours plus tard, les premières photos pour le journal «20 Ans»: «Un calvaire, mais en une journée j'ai gagné assez pour partir quinze jours avec mes copains dans un camping au Touquet.» Ce n'est qu'un début. A la rentrée scolaire, quelques clichés de Paolo Roversi, un grand de la photo de mode, font basculer le destin de la lycéenne, qui, entre deux cours, saute encore dans le RER pour filer sous les projecteurs des studios. Et qui, le soir, retrouve ses amis à la maison des jeunes. En un an, la couverture de «Dépêche Mode» - «La première, on s'en souvient», dit-elle - celle de «Elle» - maintenant, elle ne les compte plus - et une pub de parfum pour la télé israélienne lui font lâcher l'école et amasser... 300 000 francs. Elle n'a pas 17 ans.
«Il ne faut pas s'habituer au luxe. Mais en profiter, car cela peut s'arrêter du jour au lendemain», confie celle qui, en dix ans, a résisté à la mode des «pulpeuses», reste la coqueluche des créateurs japonais et a su conserver ses copains de jeunesse. Le métier? Oui, elle connaît les aller et retour en Concorde sur New York et les palaces. Mais aussi les séances de pose «à 4 heures du matin», pour profiter de la lumière, et la présentation de la mode été dans l'Antarctique (ou celle d'hiver sous les tropiques). Elle sourit de la médiatisation dont elle et ses amies font l'objet. «Désormais, on nous demande notre avis sur tout.» Elle s'inquiète de constater que de plus en plus tout se passe aux Etats-Unis. Et rêve de continuer à travailler en s'amusant.