BerlinRocks
Active Member
- Joined
- Dec 19, 2005
- Messages
- 11,216
- Reaction score
- 13
not sure i'm suposed to post it there ...

lemonde.fr
Le dernier bal de Valentino![]()
LE MONDE | 16.06.08 | 16h18 • Mis à jour le 16.06.08 | 16h18
Tulle, organza, mousseline de soie épousent les courbes, dénudent les dos, soulignent les rondeurs, dans une ambiance "nuit des Oscars" au Musée des Arts décoratifs, à Paris. La capitale rend hommage, du 17 juin au 21 septembre, à Valentino, chantre du glamour hollywoodien, qui se retire au terme de (presque) cinquante ans de haute couture, après une ultime collection, celle du printemps-été 2008, qui fut ovationnée en janvier, lors de son dernier défilé.
Cette rétrospective, en deux cent vingt modèles exposés sur deux étages, des robes de grand soir pour la plupart, brosse l'histoire de la vie de Valentino Clemente Ludovico Garavani, né à Voghera (Lombardie, Italie), dit Valentino. Il fait ses premiers pas à Paris, en 1952, chez Jean Dessès, puis chez Guy Laroche, avant d'ouvrir, en 1959, son propre salon à Rome. Il a habillé les plus belles, de Liz Taylor à Rita Hayworth, de Monica Vitti à Sophia Loren et Audrey Hepburn, de Sharon Stone à Cameron Diaz, qu'il chérit.D'une vitrine à l'autre, les échos d'Hollywood, de Cannes et d'ailleurs, de festivals en galas et mariages princiers, résonnent. On imagine Julia Roberts, recevant un Oscar en 2001 pour le film Erin Brockovich, seule contre tous, de Steven Soderbergh, moulée dans ce velours noir tendu de rubans de satin blanc comme une flèche sur sa nuque. Ou encore Gwyneth Paltrow, en 2002, au Festival du film de Venise, très sexy dans ce fourreau Empire en résille de guipure.
La tenue de mariée de Jackie Kennedy avec Aristote Onassis, blouse de dentelle ivoire rebrodée et jupe plissée en crêpe georgette, qu'elle portait à Skorpios le 20 octobre 1968 et reproduite près de quarante fois pour des clientes, marque le début de la consécration de Valentino. Parmi cette fameuse "collection blanche", le manteau de jour trapèze, aux poches incrustée d'un V en métal doré, lancera l'usage du logo comme marque du luxe : en plein Mai 68, le couturier avait ouvert, avenue Montaigne, sa première boutique de prêt-à-porter.
Quarante ans plus tard, à 75 ans, sanglé dans un costume gris perle, plus bronzé et plus jeune que jamais, l'empereur du luxe italien tourbillonne entre les mannequins de bois portant ses robes précieuses. Il fait les présentations comme s'il s'agissait du "remake" d'une soirée de gala et dit son bonheur : "Je suis honoré et ravi d'être considéré presque comme un frère par la France. Il y a là tout ce que j'ai créé depuis le début, les broderies, les volumes, les transparences, les motifs léopard,résume le couturier. La première jaquette en zèbre (1963), le premier drapé obtenu avec deux mille aiguilles, la robe rouge de Life Magazine (1964) qui m'a rendu célèbre en Amérique, et que je n'ai cessé de répéter."
LA MÊME HISTOIRE
Dans les vitrines, ses robes dialoguent et se répondent sans qu'on puisse en dater aucune. Car là est son secret, et il ne s'en cache pas. Sans cesse il réécrira la même histoire, à l'image de cette première robe bustier rouge drapée et piquée de boutons de rose, datée de 1959, dont il fera trente versions, en quarante-neuf ans de carrière, trente modèles du même rouge, tous différents, qu'il a fait défiler au final de sa dernière collection.
"Il m'a donné carte blanche, "j'ai fait mon travail, à vous de faire le vôtre", m'a-t-il dit", raconte Pamela Golbin, conservateur en chef des collections contemporaines de mode et textile au Musée des arts décoratifs. Et la commissaire de l'exposition d'expliquer le rapatriement des archives à Rome : pas loin de trois mille pièces, la première sélection de quatre cents pièces, le travail d'une année. "Il n'y avait pas toujours les dates sur les vêtements. Il n'était pas question de chronologie, mais de thèmes. Il a toujours dessiné des vêtements à la mode, sans y être intimement lié. Dans son parcours, il y a une réalité globale qui est tout à fait exemplaire. J'ai voulu faire l'analyse d'une carrière au lieu d'en brosser une fresque", résume Pamela Golbin.
LÉGÈRETÉ, FLUIDITÉ
Dès 1959, Valentino établit son vocabulaire stylistique, qu'il ne cessera d'affiner et d'affirmer au fil des années. D'où ces "Thèmes et variations", titre de l'exposition, qui sont sa signature : volumes (en 3 D avec illusions d'optique), graphisme, aplats de couleur, textures. Et une palette réduite au blanc, noir et rouge, qui force la dynamique de la silhouette. Il travaille la transparence, la légèreté, la fluidité, pour ne garder que l'essence du vêtement, supprime les doublures pour que les robes coulent sur le corps.
"Valentino a écrit une mode internationale. Il a su associer le savoir-faire italien avec ses techniques spécifiques - comme les roulés de soie à la main - au confort du prêt-à-porter américain. Aux Etats-Unis, le vêtement est plus léger, plus confortable, ce qui ne signifie pas un manque de tenue", observe la commissaire de l'exposition. Belles de nuit dans quelques grammes de soie, voilà ce que promettait Valentino aux femmes.
Florence Evin
"Valentino, thèmes et variations", Musée des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, Paris-1er. Mo Palais-Royal. Tél. : 01-44-55-57-50. Du 17 juin au 21 septembre. Du mardi au vendredi, de 11 heures à 18 heures ; jeudi jusqu'à 21 heures ; samedi et dimanche, de 10 heures à 18 heures. De 6,50 € à 8 €.
Catalogue, Flammarion, 300 p., 300 ill., 55 €.

lemonde.fr