© 2004 AFP - Lunettes de soleil Gucci et Chanel, sacs Prada et Vuitton, tous "vrais-faux", sont ouvertement proposés aux touristes dans le quartier des boutiques de luxe de Rome, sous l'oeil distrait des carabiniers.
Ventes de contrefaçons près du Colisée à Rome - Photo : Gabriel Bouys
Cette situation irrite les grandes marques françaises regroupées au sein du comité Colbert, à l'origine d'une campagne d'information dont la presse italienne s'est fait l'écho.
Mais dans les rues de la capitale italienne envahies de milliers de touristes, leurs menaces d'amendes et de peines de prison semblent ignorées.
"Jusqu'à cinq-six sacs, pas de problèmes... Bien sur, c'est différent si tu en achète 20", soutient un jeune vendeur sénégalais au journaliste de l'AFP.
Devant lui, sur le sol, une quinzaine de sacs à main et de bagages griffés sont exposés sur une grande toile blanche, pour ne pas salir la marchandise ou pour l'envelopper s'il faut détaler.
Il reconnaît en vendre "pas mal". Car si les touristes français ou étrangers risquent, en entrant dans l'Hexagone, la saisie par les douanes des objets contrefaits trouvés en leur possession et jusqu'à 300.000 euros d'amende, dans les autres pays membres de l'Union européenne, les douanes sont plus tolérantes.
L'industrie de la contrefaçon semble donc encore avoir de beaux jours devant elle en Italie, premier pays producteur et premier consommateur d'objets contrefaits en Europe.
Plusieurs grandes marques françaises font fabriquer leurs produits de maroquinerie en Toscane, région célèbre pour son savoir-faire dans le travail du cuir et des peaux. Que deviennent les surplus de toiles et d'accessoires une fois la commande réalisée? Personne ne veut répondre, entretenant ainsi le doute sur les "faux-vrais" sacs.
Mais l'industrie italienne du luxe est également touchée par la copie. Giorgio Armani et Gucci sont avec Dior et Chanel les marques les plus contrefaites, selon un rapport de l'UE.
L'industrie de la contrefaçon pèse entre quatre et six milliards d'euros de chiffre d'affaires en Italie, et la mode représente 60% de ce revenu, souligne L'Istituto di Centromarca per la lotta alla contraffazione.
L'organisme chargé de la lutte contre la contrefaçon va lancer avec la Guardia di Finanza, les douaniers italiens, une initiative de sensibilisation et mener des opérations coup de poing contre les réseaux de trafiquants, a déclaré à l'AFP son secrétaire général, Silvio Paschi.
"L'an dernier, on l'a fait le 25 juin à Rome, Venise, Florence et Naples. Cette année, on fera la même opération à la mi-juillet dans les mêmes villes, plus Milan, et, en août, une autre opération est prévue sur les plages de la Versilia, en Toscane (côte ouest), et sur la riviera romagnole (côte adriatique)", a-t-il précisé.
Ventes Saisie de contrefaçons de Roissy - Photo : Jack Guez
Sur le marché italien, les trafiquants africains sont spécialisés dans la maroquinerie, les disques et les DVD. Les Pakistanais vendent les lunettes et les téléphones.
Effet des délocalisations, les douaniers italiens ont découvert des filières chinoises et sud-coréennes important d'Asie des objets contrefaits.
Ils ont ainsi saisi lundi dans le port de Gioia Tauro (Calabre, sud) une cargaison de quatre tonnes de couteaux et d'ustensiles de cuisine fabriqués en Chine mais estampillés "made in Italy".
Les autorités françaises souhaitent que les acheteurs de contrefaçons puissent être sanctionnés en Italie. "En théorie, ils pourraient être condamnés pour recel, mais cela ne s'est jamais produit", a souligné un responsable italien sous couvert de l'anonymat.
"Mais je crois qu'en France, personne non plus n'a jamais été puni. Leur législation est surtout dissuasive", a-t-il ajouté.ROME, 24 juin (AFP)
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